L'esthétique de l'art: De Léonard de Vinci

" L onard de Vinci a-t-il sacrifi l'art la science ? La question semble pu rile: sa gloire ne r pond-elle pas pour lui ? Hier encore, qui connaissait le savant ? qui ignorait l'artiste ? Plus d'un cependant l'accuse; on lui reproche d'avoir t autre chose et plus qu'un peintre; on insinue qu'il a laiss mourir en lui le po te. D j les contemporains se plaignaient. Le r v rend Petrus de Nuvolaria, vice- g n ral des carm lites, crit Isabelle d'Est Ses tudes math matiques l'ont ce point d go t de la peinture, qu'il supporte peine de prendre une brosse. Sabba da Castiglione crit dans ses m moires: Quand il devait se consacrer la peinture, o sans aucun doute il e t t un nouvel Apelle, il se donna tout entier la g om trie, l'architecture, l'anatomie. En fait, le Vinci est l'un des plus rares peintres qui aient exist . Les choses de l'esprit ne s' valuent point par poids et mesure. Si ses oeuvres sont uniques, d'un prix infini, ne le doivent-elles pas la rencontre de ces deux esprits qu'on veut opposer et qu'il concilie ? Comme l'artiste au savant, le savant est pr sent l'artiste. L'art exquis du ma tre est fait de ce subtil m lange de curiosit et d' motion, de v rit et de tendresse, d'exactitude et de fantaisie." Gabriel S ailles, agr g de philosophie (1875), Docteur s lettres (1884) a t Ma tre de conf rences (1886), puis professeur, titulaire de la chaire d'histoire de la philosophie la facult des lettres de Paris (1898).